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3 questions à… Médéric Collignon

« 3 questions à… » est une rubrique qui permet à nos lecteurs de découvrir un artiste à travers de brèves confessions sur son rapport au voyage et à la musique.

Médéric Collignon est un oiseau rare. Migrant d’un univers sonore à l’autre, du jazz improvisé à la funk ou l’électro, il se nourrit d’ondes et de vibrations, animé par l’atmosphère et l’énergie des autres. De l’énergie, il en regorge, et de sa gorge nait cette harmonie entre ce qui l’entoure et ce qui l’habite. Être (plutôt qu’avoir) suprasensible et sensoriel, il a fait un tour de voltige l’été dernier pour les 40 ans du Festival Jazz à la Défense en participant à une création spéciale orchestrée par Andy Emler. À l’issue du concert, grisés par le champagne et les effluves de gaieté ambiante, nous avons piaffé en coeur, cage ouverte.

« On ne sait plus écouter. Pourtant, la nature chante sans arrêt. Si tu t’approches d’une fourmilière, ce que tu entends est inouï ! »

 

Qui t’a le plus influencé musicalement durant ton parcours?

Ce sont d’abord mes parents. À l’âge de 5 ans environ, j’ai découvert Maurice André dans une émission télé. À l’époque, il était considéré comme le trompettiste français le plus populaire du milieu classique, une vraie star internationale. Sans regarder l’écran, j’ai dit : « J’ai envie de faire de l’oiseau, comme le monsieur. » Mes parents m’ont donc inscrit au conservatoire de Charleville-Mézières. Tout a commencé en réalité par une erreur de perception.
J’ai ensuite été influencé par ma propre voix, qui m’a fait arrêter la trompette (je n’en joue plus depuis 26 ans). Ça semble un peu schizophrène mais c’est tout à fait naturel. La trompette ne ressemblait pas du tout à ma voix. Donc il fallait que je retrouve quelque chose de plus comique, de plus chaud. Mon professeur, Philippe Cocu, m’a prêté un cornet à pistons, puis j’en ai acheté un, puis un jour j’ai trouvé un cornet de poche, et de fil en aiguille le voyage intérieur s’est poursuivi et m’a permis d’affiner et de me rapprocher du son de ma voix. Je pense avoir plus ou moins trouvé, mais c’est sans doute encore une perception fausse… Je crois qu’au fond je me suis toujours trompé. Et c’est en un sens une troisième influence : l’objectif n’est pas tellement de trouver, mais de chercher. Avancer, découvrir, ressentir. Être le pire comme le meilleur. Être influencé par vous, les autres, ceux qui nous entourent. Ce soir par exemple, pour les 40 ans du Festival Jazz à la Défense, je jouais, je n’avais pas préparé de solo, rien de pré-établi. Et là, un enfant se met à crier. J’arrête alors ce gros son qui semble lui faire peur, je m‘approche de lui et une idée me vient. Puis je rebondis en voyant la lumière… un coup de vent s’intensifie, et je décide d’aller ailleurs… Je n’ai pas cessé de me faire influencer par tous ces éléments. Et par les visages des gens, décontenancés, ou amusés. Il faut être sensible à ce qui se passe autour de nous. Souvent, je joue et je répète des choses que je ne jouerai pas lors du concert. Ce qui va se passer sur scène est comme un différentiel. Il ne reste que l’essentiel. C’est un voyage constant, et ça ne coûte vraiment pas cher !

Si tu pouvais aller n’importe où, dans quel lieu rêverais-tu de jouer?

Je resterais quelque part sur terre, là où une vibration peut résonner, atteindre quelque chose. Peut-être que ce serait un endroit extrêmement généreux en résonance, où il y aurait  énormément d’écho, de réactivité. Ça provoquerait des avalanches, des variations de temps… un truc complètement mégalomane, que tu ne pourrais faire qu’une fois. Tu meurs après, mais tu l’as fait ! Tu as été totalement en osmose avec les éléments : le feu, l’air, le vent, tout… tu trouves la note qui fait trembler la terre ! Je suis un grand observateur de tout ce qui concerne les volcans. Je m’intéresse à la peau de la terre, celle qui sue de la lave, qui chie des lares, qui ravine tout sur son passage… j’aurais envie d’être dans cette partition, dans ces éléments-là pour voir s’il est possible de créer une sorte d’oeuvre totale, terrienne et absolue. Pour finir en beauté ! Mourir sur scène, et la terre serait ma scène.

As-tu un lieu musical coup de cœur à faire découvrir à nos lecteurs? 

Il faut aller dans les forêts, ou écouter l’eau des rivière. J’ai été il n’y a pas longtemps en Bretagne avec ma famille, et j’ai été transporté par un concert de l’Océan Atlantique. En fin d’après-midi, le soleil se couche, la mer monte, et elle offre une densité incroyable. Toutes les sept vagues, elle te ramène à ta petite taille. Il y a ces couleurs, cette mousse, ces variations à l’intérieur de chaque vague, et c’est un moment musical merveilleux pour celui qui écoute.
J’aime aussi les résonances dans les grottes : toutes ces petites gouttes qui tombent et qui fabriquent des stalagmites font une musique aléatoire. Dans les Ardennes, je travaillais le son au bord du Lac des Vieilles Forges avec Philippe Cocu. La forêt a comme un effet pulmonaire, elle te renvoie à toi et à tes problèmes harmoniques. Au fond, ce que je conseille aux gens c’est d’être plus sensibles qu’aujourd’hui. On ne sait plus se concentrer, on ne sait plus attendre ou se laisser pénétrer par la musique. Je me suis fait masser par un praticien chinois, et pendant la séance le type m’a dit : « si tu te défends, ça ne marchera pas ». Il ne pouvait pas me soigner si je ne me laissais pas aller. En musique c’est pareil. Il faut être sensible à l’autre. Et l’autre c’est la nature, les humains. On ne sait plus écouter. Pourtant, la nature chante sans arrêt. Si tu t’approches d’une fourmilière, ce que tu entends est inouï ! Tu vois ces petits livres pour enfants, où tu dois appuyer sur un bouton pour entendre le cri du lapin ou du chat ? Il n’y a pas un adulte qui sait comment ça sonne ! Il faut redevenir enfant. Ça nous permettrait à tous de réapprendre à respirer, comme les enfants, de savoir écouter ou imiter, comme eux.

3 questions à… Lucky Peterson

3 questions à… Lucky Peterson

« 3 questions à… » est une rubrique qui permet à nos lecteurs de découvrir un artiste à travers de brèves confessions sur son rapport au voyage et à la musique.

Lucky Peterson a fait ses classes tôt. À 5 ans déjà, il était repéré par le contrebassiste Willie Dixon qui passait dans le club de son père, à Buffalo. Guitariste et chanteur de blues, il a fait ses débuts à l’orgue auprès de pointures comme Jimmy Smith dont il fut l’élève et à qui il rend aujourd’hui hommage avec son album Tributo to Jimmy Smith. Actuellement en tournée dans toute l’Europe, Lucky Peterson fêtera la nouvelle année à Paris, au grand plaisir des aficionados du Duc des LombardsHit the road l’a rencontré entre deux dates, dans les locaux de TSF Jazz…   

« J’aimerais jouer dans un grand stade de foot qui compte des centaines de milliers de personnes, et qu’il soit plein ! »

 

Qui t’a le plus influencé musicalement durant ton parcours?

J’ai grandi à Buffalo, dans l’État de New York, et à Saint-Petersburg en Floride. J’ai été influencé par de grands artistes comme Buddy Guy, Junior Wells, Jimmy Smith (à qui je rend hommage dans mon dernier album), James Cotton… Tous ces musiciens ont forgé mon style, ils m’ont enseigné un tas de choses à travers leur musique !

Mon père aussi, à sa manière, a été un guide. Il tenait un club de blues célèbre à l’époque, le Governor’s Inn, j’y ai vu des concerts formidables. Il m’a transmis la passion de la musique.

Si tu pouvais aller n’importe où, dans quel lieu rêverais-tu de jouer?

Mon unique rêve est de gagner beaucoup d’argent ! Je voyage déjà beaucoup, je ne sais pas trop où je pourrais avoir encore envie de jouer. Peut-être dans un grand stade de foot qui compte des centaines de milliers de personnes : n’importe où dans le monde pourvu qu’il soit plein !

As-tu un lieu musical coup de cœur à faire découvrir à nos lecteurs? 

Les villes où j’ai grandi. Buffalo est le lieu idéal pour la musique : on y entend du blues, du jazz. Il y a plein de musiciens et de chanteurs qui sont de là-bas mais qui ne sont pas reconnus. Saint-Petersburg, en Floride, est un autre lieu magique. Les musiciens le savent déjà, quand ils vont là-bas, ils s’étonnent: « D’où vous vient ce son ? ». J’ai joué de l’orgue dans des églises, et j’y joue encore. D’autres fois je m’assieds sous un porche et je me mets à jouer de la guitare. Ou je bois une bière et je me mets à jouer seul, pour moi-même. Blues, jazz ou soul, peu importe : ce sont des lieux qui inspirent.

 

Tribute to Jimmy Smith, Lucky Peterson ; Jazz Village / Pias, 2017
©  JM Lubrano
3 questions à… Lo’Jo (Denis Péan)

« 3 questions à… » est une rubrique qui permet à nos lecteurs de découvrir un artiste à travers de brèves confessions sur son rapport au voyage et à la musique.

Inclassables et inséparables, mêlant à leur ouvrage les musiques du monde, la poésie et une touche d’insaisissable qui les rend si singuliers, les complices Lo’Jo ont conquis une fois de plus le public parisien du Café de la Danse avec leur nouvel album Fonetiq Flowers. Une musique généreuse et navigante, à l’image de Denis Péan, boussole du groupe, qui vogue parmi des fleurs d’Orient ou d’Occident, au gré des instincts sonores cueillis en chemin. Avec des mots emprunts d’une douceur spirituelle, il s’est confié à Hit the road.

« Je vais là où la musique me mène, je ne rêve que du possible qui m’attend. »

 

Qui t’a le plus influencé musicalement durant ton parcours?

J’ai grandi à Sorges dans un petit village de l’Anjou, sans musique à la maison. J’ai connu la ville d’Angers en entrant au Lycée David d’Angers. Et là tout m’a influencé : d’abord le bal de la galette des rois une fois par an dans mon village natal, le musette, la java, le paso-doble, la valse… puis, l’adolescence venue, le rock psychédélique des années 70 et presque aussitôt le jazz avec Miles Davis. Le groupe français Magma a marqué mes premiers émois sonores, je reste un grand admirateur de Christian Vander.

Le premier contact avec l’afro-beat de Fela Anikulapo Kuti a également été très marquant pour moi. Et la musique classique aussi : j’ai étudié le basson au conservatoire et j’y ai rencontré en musique Bartók, Vivaldi, Messiaen, Ravel, Bach, etc.

La suite, le temps et les voyages me l’ont offert : les musiques du monde, et autres bizarreries urbaines, Moondog, le mauricien Menwar… il y en aurait trop à citer !

Si tu pouvais aller n’importe où, dans quel lieu rêverais-tu de jouer?

Je n’ai pas de prédilection quant à l’endroit où jouer : une grande scène, un podium, un tapis… dans n’importe quel pays, c’est ma maison. Je n’ai jamais vu de différence entre un public et un autre. Quelques âmes plongées dans l’instant se ressemblent. Je vais là où la musique me mène, je ne rêve que du possible qui m’attend.

As-tu un lieu musical coup de cœur à faire découvrir à nos lecteurs? 

Les lieux magiques pour la musique, ce sont eux qui nous trouvent. On ne rencontre l’extraordinaire que quand on ne le cherche pas : je l’ai entendu autour d’un feu dans le Sahara,  au Lucy’s un lundi soir à Harlem, à l’heure tardive dans la gargote improvisée d’un festival de cambrousse…

 

Fonetiq Flowers,Lo’Jo; 2017, World Village
© Fabien Tijou
3 questions à… Samuel Strouk (jazz actuel)

« 3 questions à… » est une rubrique qui permet à nos lecteurs de découvrir un artiste à travers de brèves confessions sur son rapport au voyage et à la musique.

Compositeur, guitariste, arrangeur, directeur musical, programmateur : Samuel Strouk ne chôme pas. Compagnon de route d’artistes de renom comme l’accordéoniste Vincent Peirani ou le violoncelliste François Salque, il a sorti son premier album Silent Walk en octobre dernier. Un disque délicat et contrasté qui nous mène d’une rive à l’autre par un chemin tantôt éclairé, tantôt esquissé. Il sera en concert le 27 novembre au Café de la danse pour présenter son oeuvre au public. Hit the road vous crayonne déjà les premiers sentiers…

« Je me suis toujours constitué dans le conglomérat : c’est ce qui fait mon identité. »

 

Qui t’a le plus influencé musicalement durant ton parcours?

Vaste question ! J’ai grandi dans le sud de la France, à Montpellier, puis je suis venu à Paris pour continuer à apprendre la guitare au CNR. J’ai été très imprégné par la world music au fil de mon parcours. Je suis parti très tôt au Burkina-Faso, où j’ai travaillé la musique mandingue. J’ai passé quasiment trois ans à Cuba en y allant huit ou neuf fois pour l’enregistrement d’un disque, ce qui m’a fait collaborer avec de nombreux musiciens sur place, et ils ont eu une grande influence sur ma musique. J’ai également participé à pas mal de tournées en Asie : en Inde, au Sri Lanka, au Népal et au Pakistan. J’ai été au contact de la musique soufie, hindoustanie, carnatique… Donc pour résumer : le jazz et l’improvisation, la musique classique et ces trois musiques traditionnelles (caribéenne, mandingue et les musiques d’Inde et du Pakistan) font partie de mes grandes influences. On retrouve ces sonorités dans ce que j’écris. Par exemple, l’introduction de « Green B », un morceau de mon album Silent Walk, est un alap indien fait au cello.

D’autres grands compositeurs de musique classique, romantique et contemporaine m’ont également beaucoup inspiré : de Mozart à Ligetti en passant par Xenakis, Stravinsky, Ravel ou Debussy. En ce qui concerne la guitare, j’ai pris ma claque comme tout le monde avec Jimi Hendrix. J’ai passé une période de ma vie à n’écouter que Jimi et à me dire que c’était pas possible de jouer avec cette puissance-là, ce feeling-là dans l’expression ! Django Reinhardt c’est pareil… Wes Montgomery et Pat Metheny aussi… ou encore le flamenco de Paco de Lucía, dans un autre genre.

Quand tu nais en Andalousie et que tu grandis en tapant les palmas toute ton enfance, tu sens bien que le flamenco fait partie de ta culture. Je n’ai pas de sources traditionnelles fortes comme celle-ci. À la rigueur, lorsque j’écoute de la musique klezmer ou du chaâbi, deux genres qui sont liés à mes racines, ça fait vibrer quelque chose en moi, ça me rappelle mon enfance. Mais hormis ces deux madeleines de Proust, je me suis toujours constitué dans le conglomérat, dans l’ajout et la superposition d’univers très différents. On le sent dans ma musique. Je reprends l’exemple de « Green B »: l’introduction, un alâp indien, laisse place à quelque chose de beaucoup plus moderne pour finir de façon très classique…. C’est ce conglomérat qui fait mon identité.

Si tu pouvais aller n’importe où, dans quel lieu rêverais-tu de jouer?

Je crois que je ferais un concert dans l’espace… avec de l’air évidemment, pour qu’on puisse entendre le son. La musique aide à sortir du contexte terrien qui est le nôtre. Quand tu regardes la taille de notre planète, c’est tout de même dingue : c’est tout petit, et on se bat les uns contre les autres, on s’auto-détruit sur un bout de planète alors que nous ne sommes qu’une poussière au coeur d’un univers gigantesque ! Quand on ferme les yeux, la musique nous ouvre d’autres mondes, on prend du recul. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai appelé mon disque Silent walk : les yeux fermés avec une musique au creux de l’oreille, tu peux aller n’importe où… Faire un concert dans l’espace, avec plein de gens en apesanteur, et la terre au loin : ce serait formidable! Mais sans air, c’est difficilement réalisable. À moins qu’on mette la NASA sur le coup !

As-tu un lieu musical coup de cœur à faire découvrir à nos lecteurs? 

Deux endroits me viennent à l’esprit. En premier lieu : La Havane. C’est une ville d’art et de musique, elle en est imbibée, je n’ai retrouvé cette sensation nulle part ailleurs. Même pas à New York. À La Havane, le son fait partie intégrante de la vie des gens. Il y a une triple influence : le jazz américain, arrivé dans les années 50 avec le latin jazz et le croisement avec New York, la musique classique de l’école russe, et une influence africaine (la culture yoruba, la culture mandingue, etc.). Le peuple cubain est absorbé par une musique à trois dimensions extrêmement riche. La danse est omniprésente, les musiciens peuvent jouer toute la nuit avec deux maracas. Ils sont extrêmement doués.

Calcutta est l’autre ville qui, de façon différente, m’a beaucoup marqué. Il y a une école de flûtistes et de tablas où les musiciens jouent en totale connexion avec leur spiritualité. Ils ne sont pas là pour gagner leur vie, ils sont là pour progresser dans la musique, du matin au soir. Ils sont réunis par la même philosophie.

Donc si les lecteurs de Hit the road sont en quête de sensations musicales fortes, qu’ils prennent un billet pour Cuba ou l’Inde, ils ne le regretteront pas.

Silent Walk, Samuel Strouk; 2017, Universal music
3 questions à… Tigran Hamasyan (jazz actuel)

« 3 questions à… » est une rubrique qui permet à nos lecteurs de découvrir un artiste à travers de brèves confessions sur son rapport au voyage et à la musique.

Impressionnant pari que de jouer en solo dans le vaste auditorium de la Seine musicale, nouveau lieu culturel situé sur l’île Seguin à Boulogne. C’est pourtant celui qu’a relevé le jeune Tigran Hamasyan, pianiste d’exception dont le corps suit les nuances de son instrument, pénétrant imperceptiblement l’âme du public avec une mélodie « New Baroque » ou un « Someday my prince will come » aux accents angoissants…
Ce 14 octobre, peu avant le concert, il nous a fait part de ses souvenirs et de ses élans du moment. Coup de projecteur sur cet enfant prodige du jazz.

« Mon oncle a été un vrai guide dans ma vie de musicien »

 

Qui t’a le plus influencé musicalement durant ton parcours?

J’ai grandi à Gyumri, la deuxième plus grande ville d’Arménie, puis nous avons déménagé avec ma famille à Erevan, la capitale, où je suis resté jusqu’à mes 16 ans. Mon oncle est sans aucun doute la personne qui m’a le plus influencé musicalement. J’avais à peine 4 ans lorsqu’il m’a fait découvrir le jazz. Il m’a permis de trouver ma voie. Il écoutait Herbie Hancock, Miles Davis, des artistes soul comme Marvin Gaye, James Brown… il se nourrissait essentiellement de jazz et de funk. Mon professeur de musique, Vahag Hayrapetyan, a également été très important dans mon parcours, il m’a initié à l’improvisation. C’est un pianiste incroyable, il m’a enseigné les bases du bebop. C’est encore mon oncle qui m’avait parlé de lui, il a été un vrai guide dans ma vie de musicien. Mon père, quant à lui, était un grand fan de rock. Il collectionnait un tas de disques et dépensait parfois tout son salaire pour s’offrir le dernier album de Led Zeppelin. Donc j’ai grandi aux sons du rock, du jazz et de la soul.

Mes goûts se sont bien sûr élargis avec le temps. En ce moment par exemple, j’écoute en boucle un morceau troublant, « Lonely world » de Moses Sumney, un jeune artiste californien : une fusion pop vraiment intéressante. Et je réécoute sans m’en lasser l’album Now he sings, now he sobs de Chick Corea. J’en étais dingue, et le virus me reprend…

Si tu pouvais aller n’importe où, dans quel lieu rêverais-tu de jouer?

J’aimerais jouer dans la ville de Kars, actuellement en Turquie, c’est le lieu d’où viennent mes ancêtres. J’y ai été une fois mais j’ai joué dans un hôtel, il était impossible de se produire au conservatoire ou ailleurs. La prochaine fois je voudrais vraiment faire un concert dans un lieu de musique.

As-tu un lieu musical coup de cœur à faire découvrir à nos lecteurs? 

Il y a un lieu à Paris que j’aime beaucoup : c’est la Péniche Anako. J’y ai vu de nombreuses cultures différentes se côtoyer, j’ai assisté à des concerts d’une grande qualité. Je sais qu’ils sont en difficulté et que la Ville de Paris veut récupérer l’endroit, et pour ma part j’espère vraiment qu’ils ne seront pas contraints d’arrêter leurs activités. C’est un lieu culturel qui doit continuer de promouvoir toutes ces musiques et d’offrir un espace d’expression aux jeunes talents.

Tigran Hamasyan, An ancient observer; 2017, Nonesuch Records
© Elena Petrosyan
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HIT THE ROAD EVENTS | info@hittheroad-events.com | 14 avenue Aubert - 94300 Vincennes, PARIS.

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