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3 questions à… Vinicio Capossela (musique italienne)

« 3 questions à… » est une rubrique qui permet à nos lecteurs de découvrir un artiste à travers de brèves  confessions sur son rapport au voyage et à la musique. A l’occasion du Festival Au fil des Voix, nous avons pu rencontrer l’ensorcelant Vinicio Capossela, inclassable rock-star italienne qui, le temps d’une bière à l’Alhambra, nous a parlé d’Homère et de tavernes…  

« Votre blog s’appelle Hit the road et ça me parle : j’ai pris la route assez tôt ! »

Surnommé le « Tom Waits italien », cet admirateur de Jack Kerouac et John Fante s’est initié au jazz avant de prendre des chemins de traverse qui lui valent aujourd’hui une réputation de visionnaire. Après 14 disques, Vinicio Capossela poursuit son expérience d’albums-concept avec Canzoni della cupa, une ode à la musique folk et des chansons « rassemblées au fil du temps comme du bois de chauffe (…) qui nous autorisent à sentir le froid, l’émotion, le désir, la peur, l’aventure, l’euphorie, la joie, l’affliction et la mort. »*

 

Qui t’a le plus influencé musicalement durant ton parcours?

Je suis un déraciné. Mes parents sont originaires de la région Irpinia (sud de l’Italie), ils ont émigré très jeunes en Allemagne, où je suis né, et j’ai grandi en Emilie-Romagne. C’est une terre aux racines sauvages, on y écoute surtout du rock. J’ai grandi dans les années 80, la scène musicale était assez riche, les groupes pullulaient. Tom Waits est sans doute l’artiste qui m’a le plus inspiré, surtout à ses débuts. Mais la première musique que j’ai écoutée est celle qu’on passait pendant les mariages, la musique de bal. J’ai étudié au conservatoire, donc la musique classique a également eu une influence sur mon parcours. J’ai commencé en jouant des ballades au piano, en composant des morceaux assez proches du jazz. Puis je me suis mis à voyager. Votre blog s’appelle Hit the road et ça me parle : j’ai pris la route assez tôt ! La figure qui me correspond le mieux est celle du voyageur, du ménestrel. Ma musique a vocation à transmettre une histoire par le chant, c’est fondamental. Un peu comme le faisaient les aèdes du temps de la Grèce Antique. Ces poètes,  comme Homère et son Odyssée, racontaient l’histoire du monde à travers les cordes de la voix et de la lyre. Je crois qu’aujourd’hui, après toutes ces années, c’est le personnage dont je me sens le plus proche.

Si tu pouvais aller n’importe où, dans quel lieu rêverais-tu de jouer?

Je me suis déjà produit dans des conditions assez étranges. J’ai joué en haute montagne, à l’aube, dans les Dolomites italiennes. J’ai aussi donné un concert dans le Sanctuaire de Los burros de Aruba, en Andalousie, où mes seuls auditeurs étaient les 80 ânes qui le peuplent… J’essaie tant que possible de choisir le lieu dans lequel je vais jouer. C’est important car ça fait partie intégrante de mon discours artistique : essayer de jouer dans des lieux qui ne sont pas confectionnés pour la musique. Ce sont toujours les endroits les plus émouvants dans lesquels j’ai joué. Les grecs anciens construisaient leurs théâtres de façon à ce que les spectateurs éprouvent la sensation de l’univers, de l’infini. Mon rêve? Jouer dans le théâtre d’ Épidaure, l’un des plus vieux de la Grèce Antique.

As-tu un lieu musical coup de cœur à faire découvrir à nos lecteurs? 

J’aime beaucoup que la musique se joue dans des lieux où on peut aussi boire et manger, comme dans les tavernes grecques par exemple. Ecouter du rebetiko en Grèce a toujours été pour moi une grande source de joie : les voix s’unissent, on mange, on boit, et à un moment le chant s’installe. Il n’y a pas de barrières, avec le musicien d’un côté et le spectateur de l’autre. J’aime ce genre musical, cela m’a inspiré un disque et un livre. Mais je l’ai aimé d’autant plus que je l’ai découvert à table, en mangeant, en m’enivrant, en ayant un rapport corporel avec cette musique. C’était de la nourriture pour l’âme et le corps, pas uniquement pour les oreilles.

 

* D’après Vinicio Capossela

Vinicio Capossela, Canzoni della cupa; 2016, Warner Music

 

 

Soirée Hit the road aux Piaules

Soirée Hit the road aux Piaules

Pour célébrer cette nouvelle année 2017, Hit the road a pris ses quartiers aux Piaules, une auberge de jeunesse installée depuis près d’un an au coeur de Belleville, le temps d’une soirée. Ambiance conviviale et bon son étaient les maîtres mots de notre évènement !

Pari gagné : ce vendredi 3 février, les hôtes des Piaules ont pu découvrir Paris sous l’angle de la fête et de la bonne musique ! Le lieu, accueillant et ouvert au public (venu en nombre se serrer près du comptoir), nous a semblé un spot idéal pour danser et échanger. Photomaton et baby-foot à l’entrée, canapés et écran pour projeter les teasers HTR, musique non-stop, serveurs sympas et dynamiques : tout y était !

teaserHTR-piaules

Après l’happy-hour, Isadora et Mathilde ont entamé les festivités avec un mix félin agrémenté de pépites qui ont mis peu de temps à contaminer l’assistance. De « Bazuka » (Batida) en passant par « Cariñito » (Los hijos del sol) ou « Have love will travel » (Richard Berry), tous les coups étaient permis…

isa&mathilde

Pour visualiser plus de photos, cliquez sur ce lien

Un peu avant minuit, les Dj’s allemands Tosta Mixta ont repris les manettes pour enflammer la piste jusqu’à la fermeture. Sonorités arabes ou brésiliennes, rythmes traditionnels ou beats actuels, les ingrédients de leur recette touchent  tous les genres musicaux et nous mènent vers des horizons aux saveurs exotiques autant que désertiques.

Pour une prochaine fois, on vous donne un avant-goût de leur mix ici :

https://soundcloud.com/tostamixta/tostamixta-presidio-do-trafaria-2016

Une bien belle soirée, entre rires et bons riffs… préparez-vous, on remet ça au printemps !

3 questions à : Girma Bèyènè (musique éthiopienne)

A l’occasion du Festival Au Fil des Voix qui réunissait ce 18 janvier Girma Bèyènè, l‘un des maîtres de la musique éthiopienne des années 60, et le groupe d’éthio-jazz français Akalé Wubé sur la scène de l’Alhambra, Hit the road a démarré un nouveau cycle d’interviews.
« 3 questions à… » est une rubrique qui permet à nos lecteurs de découvrir un artiste à travers de brèves  confessions sur son rapport au voyage et à la musique.
Girma Bèyènè ouvre la voie.

« J’ai déjà atteint mon rêve sans m’en rendre compte : celui de jouer ici, ce soir, à Paris. »

Originaire d’Addis Abeba (Ethiopie), ce musicien autodidacte connait un âge d’or entre les années 60 et 80. Chanteur dans les clubs les plus huppés de la capitale, il participe en tant que compositeur, arrangeur ou pianiste à de nombreux enregistrements mais n’apparait pourtant que sur très peu d’albums de musique éthiopienne de l’époque. Alors qu’il est l’un des artistes vedettes du producteur Ahma Eshèté, le régime de l’empereur Haïlé-Sellassié subit un coup d’état en 1974. Girma choisit l’exil aux Etats-Unis en 81 plutôt que la dictature communiste. S’ensuivent des complications personnelles et professionnelles qui l’éloignent peu à peu de la vie musicale. De retour chez lui en 2008 pour le 7e Ethiopian Music(s) Festival d’Addis Abeba, il s’y réinstalle doucement, et signe cette année un disque « comme back » avec les français Akalé Wubé dans la mythique collection des Ethiopiques*.

 

Qui t’a le plus influencé musicalement durant ton parcours?

Je suis né et j’ai grandi à Addis Abeba, dans une famille catholique extrêmement stricte. Avec mon père, ma mère et mon frère, nous étions très proches. Nous allions à l’église chaque matin, puis je partais à l’école. Je crois que c’est dans ce lieu saint que tout a commencé musicalement.

J’ai également été influencé par des artistes, bien sûr, mais c’est difficile d’en parler, ils sont si nombreux ! Je peux tout de même citer Nat King Cole, Frank Sinatra, Paul Anka, Neil Sedaka, Charles Aznavour, et Adriano Celentano. J’adore la chanson italienne. L’une de mes chansons préférées est « I miei giorni felici » de Wess and The Airedales (reprise de « Chapel of dreams » des Dubs).

Si tu pouvais aller n’importe où, dans quel lieu rêverais-tu de jouer?

J’ai déjà atteint mon rêve sans m’en rendre compte : celui de jouer ici, ce soir, à Paris. Je ne demande rien de plus maintenant. J’ai mis de côté ma carrière de musicien pendant très longtemps. Puis sont arrivés Akalé Wubé, mes producteurs Francis Falceto et Amha Eshèté… ils m’ont poussé et m’ont ramené sur scène ! Donc je peux dire que ce qui m’arrive ce soir, c’est un rêve qui devient réalité.

As-tu un lieu musical coup de cœur à faire découvrir à nos lecteurs?

S’ils viennent un jour à Addis Abeba, je leur conseille d’aller dans l’un des clubs du quartier de Piazza, près du vieux centre historique, ou au Ras-Hôtel. C’était le plus chic hôtel d’Addis après la guerre. J’y ai joué à mes débuts dans les années 60. J’avais été engagé après avoir chanté « Bernardine » de Pat Boone. C’est un lieu légendaire de la musique éthiopienne et des soirées chics de la capitale.

https://www.youtube.com/watch?v=n1SM-7FD1rc

* Girma Bèyènè & Akalé Wubé, Mistakes on purpose; coll. « Ethiopiques 30 », sortie le 13 janvier 2017 / label Buda Musique
Prochaines dates de concert : les 20 & 21 avril 2017 au Studio de l’Ermitage (Paris)
 © Cyprien Fussien
Ces artistes au panthéon de 2016

Ces artistes au panthéon de 2016

2016 a été une année pleine de bouleversements, tant d’un point de vue politique (ça va sans dire) que musical. Car hormis les coupes budgétaires du Ministère de la Culture française qui met en péril de nombreux festivals et structures essentiels, la planète a été touchée par une hécatombe de personnalités qui nous laisse un peu orphelins.

Nous ne ferons pas ici un bilan exhaustif, ce serait malheureusement trop long, mais nous souhaitons tout de même rendre un bref hommage à ceux qui nous ont tant apporté par leur musique et leurs mots.

Cette danse macabre a commencé dès le 2 janvier 2016, avec le départ de Michel Delpech qui chantait pourtant « La vie, la vie » en 1971. Huit jours plus tard, c’est l’effroyable disparition de David Bowie, le chanteur pop-rock le plus révolutionnaire de sa génération, qui nous laissait un vide énorme. Avec comme consolation un album en forme d’adieu, Blackstar, un clip-testament, « Lazarus », du même nom que la comédie musicale qui a continué à se jouer à Londres, le fantôme de Ziggy  planant au-dessus du public. La NASA elle-même a rendu hommage à “Starman“ en postant sur son compte twitter : « And the stars look very different today » (« Et les étoiles ont l’air vraiment différentes aujourd’hui »), reprenant ainsi les paroles de « Space Oddity » qui raconte les premiers pas de l’homme sur la lune.

En mars, de l’autre côté des Alpes, c’est le chanteur piémontais Gianmaria Testa qui tirait sa révérence. Parolier aux mélodies d’une grande douceur, il était l’ami de Erri De Luca, auteur napolitain avec lequel il avait monté le merveilleux Quichotte et les invincibles, hymne aux migrants, aux exilés, « à ceux qui ne se laissent jamais effondrer par une défaite ». Je l’avais  rencontré à Naples en 2004, lorsque le spectacle était présenté à la Galleria Toledo. C’est l’occasion ici de revenir sur ce bel échange :

https://soundcloud.com/user-439998769/sets/interview-gianmaria-testa-naples-2004

Le 21 avril 2016 c’est “Love Symbol“ qui nous quittait sous une pluie pourpre, l’icône funk-pop aux vestes à paillettes, le Prince qui réveillait les belles au bois dormant à coups de « Kiss » et de « Sexy mother fucker ». Rival de Michael Jackson (avec lequel il partage pourtant la même scène que James Brown lors d’un show mémorable), il affectionnait particulièrement la salle parisienne du New morning où il avait fait un aftershow inoubliable en 2010, chantant jusqu’à l’aube « New Morning, New morning » au son de « Purple rain, purple rain »

Trois jours plus tard, Papa Wemba, « le roi de la rumba congolaise », suivi de Billy Paul et son célèbre « Me and Mrs Jones » entraient également dans la ronde. Le 2 mai, c’est au tour de Hubert Mounier, leader de l’Affaire Louis Trio. L’auteur de « Mobilis in mobile » était également dessinateur et a notamment réalisé une bande-dessinée du même nom que l’album La maison de pain d’épices.

On s’arrêterait bien là, las de ce listing des défunts  de 2016 que l’on a écouté, de près ou de loin, mais il en reste que l’on ne peut éviter. On pense bien sûr à Leonard Cohen. À « Suzanne », à « Hallelujah »,  à « Dance me to the end of love ». À tous ces morceaux qui ont été si longs à écrire pour un poète si exigeant, et qui ont de ce fait marqué nos esprits, influencé les plus grands, donné à entendre ce qui n’avait jamais été dit. À l’instar de David Bowie, il nous laisse un dernier album récent d’une grande beauté, You want it darker, imprégné d’amour et d’obscurité.

On pense aussi à la prêtresse de la soul Sharon Jones, sur laquelle on dansera encore durant « 100 days, 100 nights ». À « la reine des gitans » Esma Redzepova, qui a porté haut les couleurs de la culture tsigane avec des morceaux comme « Djelem, djelem ». Et au dernier en date, George Michael, parti un 25 décembre, pop star aux tubes “eighties“ qui a fait suer tant de dancefloors avec des titres comme « Wake me up before you go-go ».

Tous ces musiciens, chanteurs, auteurs ou compositeurs, aux destins parfois complexes, aux gloires certaines mais coûteuses, nous ont accompagnés depuis l’enfance et nous rappellent, en 2016, que la musique c’est autre chose qu’un air qu’on fredonne. Elle nous construit, nous hante, nous bouleverse. Elle peut appuyer là où ça fait mal ou raviver le feu de joie qui est en nous. Elle est ombre et lumière. Ou, comme l’écrivait Romain Rolland dans Jean-Christophe, « elle est la parole la plus profonde de l’âme, le cri harmonieux de sa joie et de sa douleur ».

 

Ces improbables chansons de noël

Ces improbables chansons de noël

Dans quelques jours, c’est noël. Comme chaque année, les enceintes des magasins nous abreuvent des classiques « Petit papa noël » et autres pépites que Tino Rossi et consorts fredonnent à nos oreilles depuis la tendre enfance. On ne va pas vous proposer maintenant le sempiternel « Top 10 » des plus belles chansons de noël, ni même une playlist des plus décalées, quoi que… L’idée est tout de même de faire le point sur ces variantes musicales qui fêtent la fin d’année. 

De ce que l’on sait, en France, le plus ancien chant de noël serait le cantique « Entre le boeuf et l’âne gris », qui aurait été composé au début du XVIe siècle, bien avant le traditionnel « Il est né le divin enfant » qui a vu le jour (sans mauvais jeu de mots) au XIXe siècle. On continue aujourd’hui de célébrer ce miracle, bien qu’on puisse trouver des versions quelque peu décalées…

Disons qu’en 2016 les paroles peuvent parfois manquer de poésie. Et pour cause : des chercheurs de l’université de Toronto ont développé une IA (Intelligence Artificielle) capable de composer et d’interpréter une chanson de noël en analysant les éléments d’une image. Les paroles sont donc plus du type : « Beaucoup de décorations dans la pièce, le sapin de noël est rempli de fleurs, je jure que c’est le réveillon de noël ». Pari impressionnant, même s’il ne concurrence pas un bon vieux « Vive le vent »… jugez plutôt en écoutant cette création.

On peut relever un autre pari : celui d’écouter l’album All I want for christmas is a goat (2015), subtil clin d’oeil au tube planétaire de Mariah Carey « All I want for christmas is you », le « toi » étant remplacé par le mot « chèvre ». Pourquoi? Tout simplement parce que les morceaux sont tous interprétés par des chèvres ! C’est une expérience de la branche suédoise de l’ONG Action Aid, qui lutte au quotidien contre la pauvreté. L’animal a été choisi pour sa popularité sur internet mais aussi pour l’impact positif qu’elle a sur la vie des communautés : elle fournit du lait, de la laine et peut aider des familles en difficulté. Vous pouvez donc trouver le cd si vous souhaitez faire une bonne action pour bien finir l’année. Un aperçu avec cette version de « I wish you a merry christmas »

La conclusion? A chacun son école. On peut aimer la mélancolie du « Joyeux noël » de Barbara ou entonner en choeur « Bons baisers de Fort-de-France » de la Compagnie Créole. Ce soir-là, il n’y a plus de règles. Alors pour conclure cet article, je choisirai pour ma part la douceur d’une bossa nova, « Presente de Natal » par le grand artiste brésilien João Gilberto, à écouter sans modération (toute l’année…). Et d’avance : joyeux noël!

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