« 3 questions à… » est une rubrique qui permet à nos lecteurs de découvrir un artiste à travers de brèves confessions sur son rapport au voyage et à la musique.
Sax autour du cou, l’américain Steve Coleman sillonne les salles de France et de Navarre depuis la fin des années 70. Inclassable, cet improvisateur rompu aux codes du jazz a révolutionné le milieu en suivant une voie qui transcende le son pour l’envisager sous l’angle philosophique. Il est l’un des fondateurs du M-Base, collectif qui rassemble des musiciens aux conceptions et aspirations communes : la création d’une musique expérimentale basée sur l’improvisation et la structure. C’est sans doute cette quête qui rend chaque concert de Steve Coleman unique et profondément ancré dans l’instant. La recherche prend forme sous nos yeux. Le groove nous contamine et provoque un feu qui ne demande qu’à être attisé. Accompagné de son band mythique The Five Elements et du rappeur au free style démoniaque Kokayi, il a brûlé la moquette carmin du New Morning ce mercredi 16 octobre à l’occasion de son concert donné dans le cadre du Festival Jazz sur Seine 2019. Quelques minutes plus tôt, il nous faisait l’honneur de répondre à nos questions. Qui, pour simples qu’elles paraissent, lui ont semblé complexes…
« Le lieu n’a pas d’importance. Le jeu et la musique que l’on joue, voilà ce qui prime. »
Qui t’a le plus influencé musicalement durant ton parcours?
J’ai grandi à Chicago, une ville dotée d’une forte culture musicale, dans une famille qui ne comptait pas de musiciens. J’ai commencé à jouer du saxophone au collège, vers l’âge de 14 ans. Il y a tant de gens qui ont nourri cette voix ! La liste serait trop longue. J’ai écouté énormément de saxophonistes, en commençant par Maceo Parker, et des sons venus du monde entier : du Ghana, du Nigeria, d’Indonésie… J’aime Stevie Wonder, Dinha Washington, Aretha Franklin, et tellement d’autres musiciens qu’il m’est impossible de définir réellement l’origine de mes influences. Peut-être que l’artiste vivant que j’ai le plus écouté est le saxophoniste Von Freeman. Avant, il y a eu Charlie Parker et John Coltrane, bien sûr.
Si tu pouvais jouer avec n’importe qui n’importe où, avec qui et où est-ce que ce serait ?
Je ne sais pas, c’est dur à dire. Sans doute avec John Coltrane et le groupe avec lequel il jouait dans les années 60. N’importe où, le lieu n’a pas d’importance. Que l’on joue au New Morning, au Village Vanguard ou dans la rue, ça revient au même, tant que l’on joue pour des gens. Le jeu et la musique que l’on joue, voilà ce qui prime.
As-tu un lieu musical coup de cœur à faire découvrir à nos lecteurs?
Pas vraiment. J’aime jouer un peu partout, à Paris, Munich, Londres, New York ou Chicago. On avait l’habitude de jouer au Hot Brass à Paris (l’actuel Trabendo) dans les années 90, j’ai de beaux souvenirs là-bas. C’est difficile pour moi de répondre à cette question. La première fois que je suis monté sur scène c’était en 1976 ! J’ai joué dans plein d’endroits et écouté de la bonne musique aux quatre coins du monde depuis, donc j’ai du mal à prendre du recul et à te donner une adresse incontournable. La musique est partout.
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